Aujourd’hui, le terme « recommerce » est passé dans la langue courante. Ce n’était pas le cas il y a 10 ans. Comment vous est venue l’idée de créer une entreprise dans ce secteur ?

Pierre-Etienne Roinat : Nous avons lancé l’entreprise en 2009 et nous étions en effet les premiers à employer ce terme qui est notre marque déposée depuis l’origine. Avec mes associés et l’ensemble de l’équipe, nous avons toujours été sensibles aux problématiques de développement durable et de lutte contre le gaspillage. En 2008, avec mon associé, Benoît Varin, nous avons fait une mission pour les Nations Unies portant sur la régulation des flux de déchets électroniques au niveau de la planète. Nous nous sommes rendus compte qu’au delà de ce non-sens écologique, il y avait un vrai non-sens économique, puisque une bonne partie des produits jetés avait encore de la valeur et donc un vrai potentiel de commercialisation. Nous nous sommes demandés pourquoi l’industrie du réemploi n’était-elle pas plus répandue, quels étaient ses freins et pourquoi des acteurs existants n’arrivaient-ils pas à trouver leur marché ou à passer à l’échelle industrielle.

Et vous avez décidé de vous lancer. Mais pourquoi avoir choisi les téléphones portables ?

Nous nous sommes tournés sur cette catégorie car elle se prêtait bien à ce modèle de re-commercialisation. Nous avons commencé à proposer aux opérateurs des concepts de reprise, puis, progressivement, des concepts de revente de produits reconditionnés, pour adresser la problématique globale du réemploi des produits.

Credit : Recommerce.

Pourquoi, selon vous, les opérateurs n’ont-ils pas développé eux-même cette activité ? Ils en avaient la possibilité.

Peu d’acteurs font le choix d’internaliser ces activités, car elles sont spécifiques par rapport au marché du neuf. Nous ne sommes pas du tout sur les mêmes réflexes, ni sur les mêmes enjeux. La première différence, c’est que les distributeurs achètent à des grossistes et vont vendre à des particuliers. Nous, nous sommes dans une économie inversée : nous achetons à des particuliers, nous transformons les produits et nous les revendons à des professionnels. Or acheter auprès de particuliers n’est pas le métier initial des distributeurs de produits neufs.

La deuxième différence est l’état du produit. Lorsque l’on achète deux produits neufs, ils sont identiques. Deux produits d’occasion, ils ont beau avoir la même référence, ils ont vécu différemment – l’un a pu avoir un problème technique et il aura une durée de vie résiduelle différente ; un autre  aura une égratignure – et cet état va influer énormément sur sa valeur. Toute notre modèle économique vise à intégrer ces différences.

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